Pour bien comprendre la raison pour laquelle et de quelle façon a été fondée la Ligue des cadets de l’Air, il faut remonter au tout début de la Seconde Guerre mondiale. La France est vaincue, les Pays-Bas sont envahis et la Grande-Bretagne est pilonnée par les bombardements aériens. Avant toute chose, des avions et encore des avions étaient absolument nécessaires, de même que des jeunes hommes bien entraînés à les piloter pour défendre les valeurs de liberté. C’est dans ce contexte historique que l’on voit naître au Canada le projet de former un corps sélect d’adolescents qui acceptent de consacrer leurs moments de loisir à leur préparation pour le jour où ils prendraient enfin place parmi les équipes aériennes de l’Aviation royale canadienne.
En 1940, le ministre de la Défense nationale (armée de l’Air), Charles G. Power, alors très conscient du type de formation requis pour les cadets de l’Air, fait appel à un groupe de civils influents pour la mise sur pied d’une organisation de volontaires à l’échelle nationale, ceci dans le but de parrainer et de donner davantage d’ampleur à ce mouvement. La réponse fut immédiate, et une organisation civile est bientôt créée pour travailler en partenariat avec la LCA. Comme les événements allaient le démontrer par la suite, la collaboration est à la base même des succès retentissants du Mouvement des cadets de l’Air du Canada. Le 19 novembre 1940, le décret CP 6647 est adopté en Conseil. Ce décret autorisait l’Organisation des cadets de l’Air à mettre sur pied un corps junior pour garçons de 12 à 14 ans et un corps senior pour les adolescents de 15 à 18 ans. Le 9 avril 1941, la Ligue des cadets de l’Air du Canada obtient officiellement, par lettres patentes relevant de la partie II de l’Acte des compagnies de 1934, l’autorisation pour la Ligue d’agir à titre de société de bienfaisance, soit une corporation à but non lucratif. La Ligue est alors autorisée à « mettre sur pied des succursales de son organisation dans toutes les régions du Canada ». Cette charte entre en application sou le maréchal de l’Air William (Billy) Bishop, George B. Foster et Hugh P. Illsle.
Au début de 1941 établit un comité national composé de personnalités éminentes qui se réunirent pour la toute première fois à Ottawa, le 2 juin de la même année. Une des premières mesures prises par les directeurs nationaux consiste à nommer, pour chacune des neuf provinces, un président choisi parmi les personnes bien en vue dans la société. De leur côté, les présidents provinciaux forment chacun leur propre comité dont les membres parcourent alors allègrement leur province en tous sens en gardant à l’esprit de rencontrer le plus grand nombre possible de personnes renommées pour leur qualité d’esprit, en plus de recruter un grand nombre de commanditaires. La structuration des escadrons se poursuivit jusqu’à l’automne de 1941 et on compte, en fin d’année, 79 escadrons affiliés d’un bout à l’autre du pays. En mai 1942, le nombre d’escadrons passe à 135, comptant 10 000 cadets. L’année suivante, les chiffres s’élevent à 315 escadrons pour un total de 23 000 cadets.
L’État-major se situe à Ottawa, endroit à partir duquel se répend une énergie immense vers toutes les provinces pour le recrutement de commanditaires et de bénévoles. À ses débuts, la Ligue joue avant tout un rôle militaire, mais ses fondateurs songent aussi aux avantages à tirer, à long terme, de la formation des cadets de l’Air. Ils comprennent qu’en se consacrant volontairement à l’étude, les cadets peuvent accroître leurs connaissances tout en devenant plus actifs auprès de la société, et qu’en prenant part aux activités dirigées par les escadrons, ils bénéficieraient d’occasions de développer les qualités habituellement présentes chez tout bon citoyen ou citoyenne. C’est d’ailleurs l’aspect formateur de l’entraînement dans la Ligue des cadets qui attire le plus intensément les jeunes dirigeants du pays. Des clubs philanthropiques, des éducateurs, des chambres de commerce et des organismes d’anciens combattants offrent leurs services à la Ligue, non seulement pour contribuer à l’effort de guerre, mais aussi pour aider les jeunes du pays à se mieux préparer dans leur rôle futur de bons citoyens.
C’est en septembre 1944 que le Mouvement atteint le maximum de ses effectifs en temps de guerre, soit 374 escadrons, plus de 29 000 cadets, 1 750 officiers et instructeurs, de même que 2 000 autres civils qui prêtent main-forte financièrement ou autrement. Il est regrettable que le nombre de cadets engagés dès les premières années dans les unités de combat n’ait été précisément répertorié. Durant une brève période, soit d’octobre 1943 à juin 1944, plus de 3 000 cadets ont été enrôlés dans l’ARC et une vingtaine parmi sont par la suite été décorés pour leur courage. Ces chiffres font honneur au Mouvement des cadets et témoignent de façon tangible de la qualité de l’entraînement des cadets de l’Air durant cette période de guerre.
Partout au Canada, la période d’après-guerre voit diminuer l’intérêt porté vers les diverses activités de la Ligue des cadets. De nombreux escadrons formés « pour la durée de la guerre » sont dissous et le Mouvement se stabilise avec des effectifs réduits, ne comptant plus qu’environ 11 000 cadets répartis sur 155 escadrons.
L’histoire du Mouvement des cadets de l’Air en période de paix est peut-être encore plus impressionnante qu’elle ne l’a été durant la guerre. Dès la fin de 1944, la Ligue engage un processus d’adaptation vers la période de paix avec la même vigueur déployée pour les responsabilités entreprises en temps de guerre. En 1945, la tâche la plus importante de la Ligue consiste à trouver un autre moyen de stimuler les cadets pour qui la perspective d’un enrôlement dans l’ARC ne semble plus possible. La solution adoptée consiste à décerner diverses récompenses pour des performances exceptionnelles de même que pour la loyauté envers l’escadron. Pour accroître sa popularité, la Ligue implante des camps d’été dans plusieurs postes de l’ARC. En 1946, l’ARC démarre aussi des cours de pilotage à bord de légers aéronefs à partir de clubs civils de vol. Les bourses reliées à ces cours sont offertes aux cadets les plus performants, ce qui contribue à accroître l’importance du Mouvement. Depuis ce temps, quelque 14 361 cadettes et cadets de l’Air (1997) ont terminé leur cours de pilotage, ceux-ci ayant pour la plupart atteint le niveau de pilote privé; ils peuvent être fiers de leur titre de pilote. Cette formation est offerte aux cadettes et aux cadets (à leur famille) à peu de frais ou gratuitement. Les cadettes de cadets de l’Air aspirant à une bourse en pilotage font l’objet d’une sélection rigoureuse. Les candidates et candidats doivent être en bonne forme physique, être âgés de 17 ans ou plus et être inscrits au niveau 4 de l’entraînement des cadets de l’Air. De plus, ils doivent réussir l’examen d’aptitude et être soumis aux procédures obligatoires de sélection des Forces canadiennes et de la Ligue aux niveaux local, provincial et national obligatoires.
En 1946, le gouvernement approuve aussi un effectif d’après-guerre de 15 000 cadets pour tout le Canada. Par la même occasion, la Ligue et l’ARC instituent un nouveau programme pour les cadets et particulièrement adapté pour la période de paix, lequel étant axé sur une double formation en aéronautique et en civisme. Au début de 1949, le Mouvement s’étend à la nouvelle province de Terre-Neuve où six escadrons actifs, appuyés par des comités civils dynamiques, furent mis sur pied en quelques semaines suite à l’entrée de cette province dans la Confédération. L’année suivante, le gouvernement reconnaît la nécessité d’augmenter l’effectif maximal de la Ligue jusqu’à 22 500 cadets.
Lors de son dixième anniversaire, en 1951, la Ligue peut se targuer d’avoir bien servi le Canada. Quelque 65 000 jeunes ont porté l’uniforme des cadets de l’Air et ont pris part au Programme de formation. En 1961, la Ligue célèbre l’atteinte de sa maturité alors que plus de 150 000 cadets de l’Air ont été formés dans les escadrons, à ce moment au nombre de 332. Si tous les cadets ayant reçu leur formation des cadets de l’Air avaient pu défiler en même temps et en formant une colonne le long de la route, la file se serait allongée sur une distance de 56 kilomètres. Étant donné la forte demande à l’époque pour de nouvelles unités et le besoin de garantir l’expansion progressive du Mouvement, l’autorisation est accordée, en 1972, d’augmenter l’effectif progressivement pour atteindre aujourd’hui 28 000 cadets de l’Air.
Le 1er février 1968, la Ligue des cadets de l’Air perdait son associé initial, soit l’Aviation royale du Canada, d’où l’institution d’une association avec les Forces canadiennes
En 1969, on créait, au Quartier général de la Défense nationale, la Direction des cadets qui fut chargée d’établir les lignes de conduite et de coordonner les activités des trois mouvements de cadets. Ce bureau relève présentement de la Direction générale des Réserves et des cadets. Le contrôle journalier des activités des cadets de l’Air est dévolu à six régions militaires affiliées aux commandements fonctionnels des Forces canadiennes dont le commandant fonctionnel sert aussi à titre de commandant régional : Région de l’Atlantique – Commandement maritime; Région de l’Est – Forces terrestres (Québec); Région du Centre – Service de l’instruction des Forces canadiennes; Région des Prairies – Division aérienne canadienne; Région du Pacifique – Forces maritimes du Pacifique et de la Région du Nord.
Les cadets de l’Air ont connu deux changements importants au cours de cette période. Bien que des sections de cadettes existaient déjà sous la direction des escadrons, et depuis plusieurs années à titre non officiel, la participation de jeunes filles au Programme des cadets de l’Air fut approuvée par le Parlement du Canada le 30 juillet 1975. À l’heure actuelle (1998), les filles constituent environ 30 % des effectifs des escadrons des cadets de l’Air du Canada. Avec l’arrivée de nouveaux uniformes pour les Forces canadiennes, les cadets de l’Air ont adopté l’uniforme vert au cours des années 1970 pour ensuite revenir à l’uniforme bleu au cours des années 1990.
Entre la fondation de la Ligue des cadets de l’Air du Canada en avril 1941 et la fin des années 1990, près d’un million de jeunes Canadiennes et Canadiens ont bénéficié du Programme de formation des cadets de l’Air. Aujourd’hui, le nombre de personnes qui participent d’une façon ou d’une autre au Mouvement des cadets de l’Air est évalué à quelque 50 000.
Le nouveau défi des dirigeants des cadets de l’Air des années 1960 consistait à ranimer le Programme et d’en établir la crédibilité par le recrutement d’une nouvelle génération de jeunes Canadiens. Pendant les premières années d’existence de la Ligue des cadets de l’Air, l’ARC dirigeait un nombre impressionnant de bases réparties d’un bout à l’autre du pays, époque à laquelle les petits appareils se trouvaient à profusion un peu partout sur les bases, surtout les appareils de type « Expeditor » ou « Dakota », des modèles d’une construction s’adaptant très bien aux vols de familiarisation des cadets de l’Air. Toutefois, l’unification des services entraîna la fermeture ou le fusionnement de nombreuses bases aériennes et, comme on avait de plus en plus tendance à utiliser des avions à plus large rayon d’action, la situation change alors de façon radicale. Vers le milieu des années soixante, il était devenu manifeste que les cadets de l’Air n’avaient pas suffisamment l’occasion de vivre l’expérience enivrante du vol d’avion. Soucieuse de maintenir l’intérêt des cadets, la Ligue décida d’offrir à nouveau des « ailes » aux cadets de l’Air.
À l’été de 1965, les membres de l’Ouest instituent un Programme de vol à voile expérimental en collaboration avec les camps d’été des cadets de l’Air à Penhold (Alberta). À partir de cet humble début, le vol à voile devient une des principales activités menées par l’Organisation des cadets de l’Air et, de nos jours, plus de 60 000 vols ont lieu annuellement. En 1967, la Ligue des cadets de l’Air met sur pied un programme d’acquisition de planeurs afin de constituer un parc de planeurs dont elle pourrait disposer non seulement durant les camps d’été, mais aussi durant les saisons d’automne et de printemps.
Vers la fin de 1972, la Ligue se voit offrir l’occasion d’acheter, à très bon prix, de plusieurs appareils « L‑19 » en excédent, ceux-ci ayant été mis au rancart par les Forces canadiennes, d’oû résulte une impulsion formidable pour le Programme de vol d’aéronef et de vol à voile des cadets de l’Air. Ces avions sont acquis par l’entremise de la Corporation de disposition des biens de la Couronne et ils continuent de jouer un rôle utile, à côté des autres appareils de la Ligue, pour le programme de vol à voile sans doute le plus important dans le monde. La valeur assurable des planeurs et des avions-remorqueurs s’élève à 4 782 000 $. Le Programme de vol à voile est le fruit d’un partenariat entre les Forces canadiennes et la Ligue des cadets de l’Air. Il est mené conformément aux modalités d’un protocole d’entente renouvelable aux cinq ans.
L’objectif du Programme de familiarisation de vol à voile consiste à accorder minimalement à chaque cadette ou cadet de l’Air, un vol de familiarisation par année. Le Programme de familiarisation de vol à voile se déroule durant les fins de semaines, de mars à juin et de septembre à novembre, sur plus de 60 sites au Canada, allant des aéroports de Transports Canada à des pistes gazonnées approuvées. Au cours de l’été, les vols de familiarisation sont également offerts aux cadets de l’Air qui suivent des cours dans les centres d’entraînement d’été annexés ou en proximité d’écoles régionales de vol à voile des cadets de l’Air. En plus de participer à des vols sur les sites des planeurs, les cadettes et cadets de l’Air ont aussi l’occasion de travailler sur la piste à titre de membres du personnel et de s’occuper de la préparation des planeurs pour les envolées pour les récupérer suite lors des atterrissages. La Ligue des cadets de l’Air assure le soutien administratif et récréatif sur les sites de vol à voile pour diminuer la charge de travail de l’équipage de vol et des surveillants d’escadrons.
Le cours, étendu sur six semaines, est dispense par l’école régionale de vol à voile et permet à 320 cadets de l’Air d’obtenir leur brevet de pilote de planeur décerné par Transports Canada. Le processus de sélection des candidats est identique à celui du Programme de bourses de vol de puissance, l’âge minimal passe cependant à 16 ans pour les pilotes de planeurs. Le personnel de formation est composé d’officiers du CIC, des officiers qualifiés comme instructeurs de vol à voile ou comme pilotes de remorquage de planeurs. Trente-deux ans suite à la mise sur pied du Programme, près de 10 000 cadettes et cadets de l’Air (9 920 en 1997) ont terminé le cours de pilotage de planeur avec succès. Depuis 1983, 7 230 pilotes de planeurs ont réussi, soit une moyenne de 300 par année.
Le Programme de pilotage de planeurs des cadets de l’Air compte sur les nombreux efforts de la Ligue des cadets de l’Air à Ottawa, le CIC régional ainsi que le personnel d’État-major des cadets de l’Air, sans oublier bien sûr les nombreux bénévoles de la Ligue des cadets de l’Air de toutes les provinces et des territoires. Les données que nous fournissent régulièrement Transports Canada et l’Association canadienne des pilotes d’avion révèlent qu’un pilote privé sur cinq au Canada est aujourd’hui un ancien cadet de l’Air et que 67 % des pilotes professionnels et des pilotes de ligne de nos jours en service ont fait leurs débuts avec les cadets de l’Air. Aucune statistique n’est toutefois disponible à propos du nombre de cadets de l’Air s’étant inscrits aux Forces canadiennes. Nous estimons que 28 % du personnel des Forces aériennes affecté au vol, au travail technique et à l’administration aurait reçu une formation quelconque au sein des cadets de l’Air. Il est important de mentionner que le taux d’échecs est presque nul parmi les anciens cadets de l’Air qui ont choisi une carrière militaire.
Depuis sa fondation en avril 1941, près de un million de jeunes Canadiennes et Canadiens ont pris part au Programme de formation des cadets de l’Air. Et nous estimons à environ 500 000 le nombre de Canadiennes et de Canadiens volontairement engagés, d’une façon ou d’une autre.
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